Comment maîtriser la stérilité d'une chienne ?
(Article écrit par Valérie Duphot, Docteur-Vétérinaire, paru dans "Revue Chiens 2000" n°284, février 2002).
Empêcher les gestations non désirées ou supprimer les manifestations des chaleurs : certains propriétaires désirent abolir le cycle sexuel de leur chienne. Si des méthodes médicales ou chirurgicales permettent de stériliser la chienne, chacune présente des inconvénients, à comparer aux avantages espérés avant toute décision.
Chez la chienne, la maîtrise de la reproduction consiste essentiellement à limiter le nombre de naissances de chiots en la stérilisant de façon temporaire ou définitive. L'interruption de la gestation est une autre option, à déconseiller car elle est plus risquée pour la chienne.
Certains propriétaires souhaitent aussi supprimer le cycle sexuel de leur chienne afin de faire disparaître les phénomènes liés aux chaleurs pertes sanguines et attraction des mâles.
La suppression des risques de gestation non désirée et des manifestations du cycle sexuel peut être réalisée médicalement (contraception) ou chirurgicalement (castration). A l'inverse de l'espèce humaine, la contraception médicale chez la chienne n'est pas anodine. Elle ne doit pas être pratiquée pendant toute la vie de l'animal mais réservée à une période particulière que le propriétaire n'avait pas prévue - vacances par exemple -, sous le contrôle du vétérinaire et après un bilan de santé approfondi.
Un traitement hormonal sous contrôle vétérinaire
La suppression temporaire du cycle sexuel fait en effet appel à l'administration d'hormones (progestagènes) qui peuvent entraîner de graves problèmes de santé. Ces hormones ne doivent notamment pas être administrées à des chiennes que l'on désire faire reproduire ultérieurement Plusieurs médicaments permettent au vétérinaire, soit de prévenir l'apparition des chaleurs, soit de les interrompre dans les tout premiers jours (la détection précise par le vétérinaire s'impose alors). Toutes les chiennes ne peuvent recevoir de traitement hormonal :
chiennes âgées,
diabétiques,
souffrant d'affections utérines,
futures reproductrices, ...
Un traitement hormonal majore le risque que la chienne développe un pyomètre (infection de l'utérus grave, parfois mortelle). Les progestagènes peuvent provoquer une lactation dans certains cas. Leur responsabilité dans l'apparition de tumeurs mammaires n'est pas prouvée.
Gare aux médicaments bidons !
Des fabricants peu scrupuleux proposent des produits "contraceptifs" en vente libre, sans ordonnance du vétérinaire : à ne jamais administrer sous peine de se retrouver avec une chienne malade (cas d'hormones utilisées sans aucun contrôle) ou une portée de chiots après une saillie (médicament bidon) !
La stérilisation définitive de la chienne passe par l'ablation chirurgicale des ovaires (ovariectomie) ou de l'utérus (hystérectomie). Si l'ovariectomie est effectuée avant l'apparition des premières chaleurs, elle diminue grandement le risque de développer des tumeurs plus tard. La technique de ces interventions est bien maîtrisée par les vétérinaires et sur une chienne en bonne santé, les risques opératoires sont minimes. Ce n'est pas pour autant que l'ovariectomie doit être considérée comme une intervention de convenance banale. En effet, la chienne castrée est souvent sujette à l'incontinence urinaire. Elle est aussi prédisposée à l'obésité et son propriétaire devra donc être vigilant en lui faisant prendre un exercice régulier et en lui fournissant une ration adaptée à ses besoins.
Un inconvénient grave : l'incontinence urinaire
Alors qu'il avait voulu supprimer les pertes liées aux chaleurs en faisant castrer sa chienne, le propriétaire peut donc se retrouver avec une nuisance bien supérieure puisque la perte continue d'urine par la chienne dure toute l'année, toute sa vie ... Rappelons que la malpropreté est malheureusement une cause importante d'abandons de chiens. Certes, un traitement médical de la chienne castrée existe (à base d'hormones) mais il est vraiment contraignant et doit être poursuivi à vie.
Eviter les saillies
Médicale ou chirurgicale, la stérilisation d'une chienne n'est pas un geste banal. Elle répond le plus souvent au désir de confort du propriétaire et non à un besoin de la chienne. Le propriétaire doit donc demander conseil à son vétérinaire pour bien évaluer les conséquences des techniques disponibles.
Il est souvent très simple d'éviter les saillies en maintenant les chiennes à l'écart des mâles. C'est bien sûr plus difficile lorsqu'un chien et une chienne cohabitent. Dans ce cas, la castration du mâle est une option de choix. Cette intervention n'entraîne pas d'inconvénients médicaux.
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A retenir
Castration du mâle : stop aux idées reçues
L'ablation des testicules peut être recommandée par le vétérinaire dans le cadre du traitement de certaines affection (tumeurs). Dans des cas de force majeure (cohabitation mal maîtrisée d'un chien avec une chienne), la castration de convenance (pour le seul bénéfice du propriétaire) peut s'envisager. Mais en aucun cas la castration n'a d'effet sur le comportement agressif ou fugueur d'un chien. Les vétérinaires - et spécialement les comportementalistes - le savent bien et doivent parfois résister à la demande de certains propriétaires, convaincus par une idée persistant à travers les années qu'un chien castré sera plus "calme". Le problème invoqué pour demander la castration est généralement justifiable d'un traitement médicamenteux et/ou comportemental, ou de mesures de bons sens (si le chien fugue parce qu'il y a des chiennes en chaleurs dans le voisinage, c'est au propriétaire d'assurer la contention de son animal, comme la loi le lui impose d'ailleurs. |